La France est-elle trop dépendante des entreprises étrangères ?

Dans un monde ouvert, la souveraineté économique de la France n’est que trop ébranlée. Entre les entreprises françaises sous contrôle étranger et les groupes étrangers implantés dans l’Hexagone, le modèle de souveraineté du pays se voit mis à mal par sa dépendance vis-à-vis de

Dans un monde ouvert, la souveraineté économique de la France n’est que trop ébranlée. Entre les entreprises françaises sous contrôle étranger et les groupes étrangers implantés dans l’Hexagone, le modèle de souveraineté du pays se voit mis à mal par sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur. Les secteurs les plus touchés sont la défense, l’énergie, la santé, l’agriculture. Mais jusqu’où s’élève cette dépendance ? Découvrez dans cet article la réponse à cette question.

Le passage des grands noms de l’industrie française sous pavillon étranger

Alcatel, Pechiney, Alstom, Lafarge, Arcelor : voilà autant de grandes entreprises françaises qui, depuis les années 2000, ont dû fusionner ou passer sous pavillon étranger. C’est une situation inquiétante, d’autant plus qu’une entreprise qui passe dans les mains étrangères est souvent destinée à disparaître. C’est l’exemple d’Alstom, la marque disparue sous la houlette du géant américain General Electric.

Le Canadien Alcan a également fait disparaître Pechiney en l’absorbant. Lorsque les entreprises étrangères qui prennent le contrôle des firmes nationales se multiplient, les conséquences se font ressentir automatiquement. Le patrimoine industriel national perd sa substance. Le circuit de sous-traitance de l’entreprise rachetée est généralement évincé.

La plupart des entreprises du CAC 40 sous contrôle étranger

entreprises françaises

Lorsque la France a réalisé que son secteur industriel s’effondrait, elle se disait pouvoir compter sur le CAC40. Mais là aussi, les choses ont changé. Les managers du CAC40 sont de plus en plus responsables vis-à-vis des actionnaires plutôt que des collectivités dont ils sont issus. La plupart des actionnaires des entreprises du CAC40 sont des étrangers. À cause de cette situation, une importante part des dividendes ne revient pas en France.

De même, ces actionnaires ne paient pas leurs impôts sur le sol français. Les conseils d’administrations des entreprises du CAC40 se sont internationalisés, ce qui fait que leur lien avec la France se fragilise d’année en année. À part quelques-unes, ces entreprises sont des multinationales qui privilégient l’intérêt des actionnaires face à l’intérêt national.

La crise qui révèle la dépendance française envers l’industrie étrangère

La maladie du coronavirus Covid-19 qui sévit depuis quelques mois a mis à nue une triste réalité : la dépendance de la France vis-à-vis de l’industrie chinoise. En pratique, la France a du mal à produire localement et en quantité suffisante plusieurs produits indispensables, tels que :

  • les médicaments ;
  • les tests de dépistage ;
  • les masques ;
  • les respirateurs…

Pendant que la France testait environ 12 000 personnes au quotidien en mars 2020, d’autres pays comme la Corée du Sud ou l’Allemagne revendiquaient respectivement 300 000 à 500 000 tests par semaine. Sur le marché des tests de dépistage du Covid-19, les pays les mieux représentés sont l’Allemagne, l’Italie ainsi que les États-Unis. Les boîtes françaises sur ce marché ne sont que peu nombreuses.

De même, le marché des respirateurs ne compte pas de poids lourds français. On retrouve plutôt l’allemand Dräger, les Américains GE Healthcare et Resmed ou encore le suédois Getinge. Pour les médicaments, la France reste également dépendante de l’extérieur.

D’après l’universitaire Mondher Toumi, 75 % des médicaments génériques utilisés dans les hôpitaux français sont presque totalement fabriqués en Chine. Cette situation n’est pas due à la crise sanitaire actuelle, mais elle prévalait depuis plus d’une dizaine d’années. Et avant cela, la dépendance était vis-à-vis de l’Inde.

Quant aux masques, le président a fixé comme objectif de tripler la production habituelle pour atteindre les 10 millions de masques fabriqués par semaine. Or, le pays a réellement besoin de 40 millions de masques chaque semaine.

Malheureusement, le principal site de production de masques respiratoires en France, l’usine bretonne de Plaintel, a mis la clef sous la porte depuis fin 2018, et ce, dans l’indifférence totale des dirigeants. Conclusion, la France a dû commander près de deux milliards de masques à la Chine qui se démarque comme le mastodonte incontournable du marché.

La dépendance de la France aux États-Unis dans le domaine du numérique

D’après Emmanuel Macron, la souveraineté de la France et de l’Europe ne peut être réellement établie qu’après une maîtrise des infrastructures maritimes, énergétiques et numériques. Or, la dépendance de la France aux entreprises étrangères dans le domaine du numérique est colossale.

Que ce soit pour le fonctionnement des entreprises et des institutions nationales ou pour les moyens de communication, la dépendance aux firmes américaines est très prononcée. On regroupe généralement ces plateformes américaines, en position de contrôle, sous les acronymes GAFAM et NATU.

Cette situation n’est pas nouvelle. Cependant, cela devient alarmant lorsque l’État envisage actuellement de solliciter la société Palantir pour organiser le plan de déconfinement. En gros, ce plan consisterait à tracer de façon numérique tous les Français via leur téléphone intelligent. Il y a de quoi s’inquiéter lorsqu’on se rend compte des relations que la société Palantir entretient avec les services de renseignements américains. Pourrait-on garantir la sécurité des données personnelles des citoyens français dans un tel contexte ?

Il existe pourtant des solutions françaises qui pourraient servir d’alternatives pour tous les services américains. Il convient à la France de miser davantage sur ces solutions nationales en les accompagnant pour reprendre en main sa souveraineté.

Les firmes multinationales françaises investissent plus que les entreprises sous contrôle étranger

Il faut reconnaître que plusieurs pays exigent actuellement de la part des entreprises qui souhaitent écouler leur production sur leur territoire d’effectuer la majorité de la production sur place. Les États-Unis et la Chine sont en tête de liste, mais la France n’est pas non plus à la traîne.

On retrouve dans le pays assez de groupes étrangers qui investissent pour produire en France. C’est l’exemple de Toyota qui s’est installé, produit sur place, crée des emplois et paie ses impôts en France.

Cependant, les « bons groupes » de type Toyota n’investissent pas plus que les entreprises nationales. C’est vrai, les entreprises sous contrôle étranger employaient 1,8 million de personnes en France en 2016 (INSEE). Ces emplois sont d’ailleurs plus rémunérés que dans les firmes françaises.

Cependant, il faut noter que les firmes multinationales étrangères réalisent 16 % de la valeur ajoutée produite dans les secteurs marchands, hors secteurs agricoles et financiers. Pendant ce temps, les multinationales françaises réalisent 25 % de la valeur ajoutée des secteurs précités.

Il existe donc des firmes françaises qui peuvent faire face efficacement aux besoins nationaux dans divers domaines. Il suffit de leur donner un coup de pouce pour qu’elles puissent tenir tête à la concurrence qui cherche constamment à les absorber.

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