La cybersécurité désigne un ensemble de techniques visant à assurer la sécurité des internautes. Elle vient répondre à un besoin urgent de protection face aux violations grandissantes des données privées des utilisateurs. La Chine se distingue des autres pays du monde par son système anti-cyberattaque qu’on qualifie de très rigoureux et même d’extrêmement restrictif.
La Chine consolide ses défenses en matière de cybersécurité année après année
Entre autoritarisme et liberté de navigation sur le net, le gouvernement de Pékin compte repousser au maximum le mal qui menace de plus en plus les données personnelles des individus. Si les systèmes occidentaux de cybersécurité sont orientés vers la protection des données personnelles, ceux de la Chine ont une portée différente. Ils s’inscrivent beaucoup plus dans un besoin d’assurer la stabilité sociale et la sécurité nationale.
« Sans cybersécurité, pas de sécurité nationale », telle est la déclaration du président chinois. Il affirme de ce fait son intention de faire de son pays une « cyber superpuissance ». C’est dans cette optique qu’il a lancé depuis plusieurs années des programmes de consolidation de ses défenses en matière de cybersécurité. Ils visent à protéger les réseaux internet chinois et les données des utilisateurs contre les pénétrations extérieures.
L’une des premières grandes dispositions prises est la mise en place de la « grande muraille ». Il s’agit d’un dispositif dont l’ultime but est d’effectuer un filtre intégral des contenus du web. La navigation est donc restreinte et l’accès aux données personnelles est limité. L’un des effets palpables de la grande muraille est le rallongement du temps d’affichage des sites internet en provenance de l’extérieur. Ce temps de latence crée une quasi-inaccessibilité de certains sites.
En 2017 a été adoptée la Cybersécurity Law. Il s’agit d’un ensemble de réglementations sur l’utilisation des données personnelles des utilisateurs. Cette loi impose à certaines entreprises l’hébergement local des données de leurs utilisateurs (clients, partenaires…). Ces sociétés ont également l’obligation de soumettre tous leurs équipements électroniques dits sensibles à un contrôle périodique.
De plus, il est interdit à ces entreprises de vendre les informations de leurs utilisateurs. Quant aux structures qui supervisent la cybersécurité, elles doivent garder confidentielles toutes les données personnelles qu’elles recueillent dans l’exercice de leurs missions.
L’accentuation de la répression de Pékin sur l’activité en ligne
Après l’adoption de la Cybersécurity Law, la Chine renforce ses restrictions sur les activités en ligne. Il n’est plus uniquement question de surveillance totale du web. De sévères répressions accompagnent la machine de cybersécurité mise en place. Les exigences des autorités chinoises sont devenues plus strictes et lorsqu’elles ne sont pas respectées scrupuleusement, des censures s’ensuivent. La localisation des données est devenue obligatoire. De même, les propriétaires de sites internet sont forcés d’enregistrer leurs noms réels.
En cas d’enquête, les entreprises sont contraintes d’assister et d’aider les organismes concernés en leur fournissant les données demandées. De plus, les sociétés accusées de violation de la loi écopent de taxes très lourdes. Ce type de punition est aussi valable pour les blogueurs et les médias autonomes. Les sites de divertissement ne sont pas non plus épargnés par « la grande muraille numérique ».
Pékin prend en chasse les outils de contournement de son système
Malgré le contrôle excessif exercé sur la population, certains outils permettent de passer outre les pare-feux. Il s’agit principalement des réseaux virtuels privés, plus connus sous le nom de VPN. Ce sont des systèmes que les compagnies internationales utilisent souvent pour stocker leurs données hors du territoire chinois et accéder à certains services web censurés ou bloqués.
La détermination de Pékin à contrer toute tentative de contournement de son système est pourtant sans limites. Plusieurs mesures ont été donc instaurées pour lutter contre l’utilisation de ces outils. Depuis mars 2018, les entreprises étrangères qui utilisaient jusque-là des VPN non chinois ont été contraintes de les abandonner.
En effet, pour continuer à exercer leurs activités dans le pays, ils doivent désormais choisir parmi un nombre limité de serveurs validés par le gouvernement central. Toute structure commerciale qui souhaite recourir à un service digital nécessitant l’exploitation d’un VPN doit également solliciter un opérateur chinois.
L’exemple le plus frappant est celui du géant américain Apple. Celui-ci a été forcé de supprimer son offre de solutions VPN. De plus, la Chine a également financé l’élaboration de systèmes de filtrage pour bloquer et trier les adresses IP, les DNS et les URL. À titre d’exemple, les réseaux sociaux célèbres comme YouTube ou Twitter sont inaccessibles via les moyens de connexion classique en Chine.
Toutefois, la grande muraille numérique ne se limite pas à cela. Elle intègre également la réduction du débit de téléchargement des données via des sites extérieurs. Grâce à un investissement colossal dans l’intelligence artificielle et autres technologies de dernières générations, la Chine entend en finir avec les systèmes de contournement de sa grande muraille.
Lorsque la Chine enseigne l’autoritarisme numérique au reste du monde
L’exploit de la Chine en ce qui concerne le contrôle des accès aux données via le web séduit d’autres pays. Malgré les nombreuses violations de la liberté de navigation signalées, force est de constater que le modèle chinois se vulgarise. On assiste à une exportation de plus en plus massive des censures chinoises vers d’autres nations. L’autoritarisme chinois dans le domaine du numérique, notamment la cybersécurité, semble donc être un exemple.
Dans plusieurs pays, des centres de recherche chinois sont implantés en vue du développement de nouvelles technologies liées au web. En Estonie et en Irlande, les internautes ont un total accès au web, sauf aux plateformes qui proposent des contenus de pornographie juvénile. Au Canada, les sites étrangers dont les contenus se rapportent à la pornographie juvénile sont aussi censurés.
En Afrique, on constate une forte utilisation des caméras de surveillance IP et autres technologies « Made in China ». En Russie, certaines lois portant sur l’utilisation des données des utilisateurs ont été adoptées à l’approche des scrutins de 2018. Elles exigeaient entre autres la mise en ligne de certaines informations personnelles des internautes.
Des zones d’ombres dans la grande muraille
L’application effective de la loi de la grande muraille initiée par la Chine se heurte à plusieurs obstacles. Cela concerne principalement l’accessibilité aux informations ainsi que les incompréhensions liées aux dispositions imprécises incluses. En effet, la difficulté de comprendre les termes phares de la loi rend les entreprises plus vulnérables, car les interprétations peuvent varier.
À titre d’exemple, il est difficile de cerner la différence entre les informations dites sensibles et celles confidentielles. La loi ne propose pas une définition claire de ces notions et ne fournit pas non plus les critères explicites qui permettent de savoir précisément si un système viole le principe de confidentialité.
Les entreprises ne disposent donc pas d’informations suffisantes pour la mise en place de dispositifs conformes aux exigences de la loi. Par conséquent, elles sont à la solde des autorités gouvernementales. Ces dernières peuvent engager des poursuites arbitraires. Elles peuvent d’ailleurs demander toutes les informations qu’elles jugent sensibles quand elles le souhaitent.
La cybersécurité représente une question majeure dans le monde moderne. Elle est traitée de façon très particulière en Chine. À l’heure où le rançonnage sévit, la grande muraille numérique ambitionne de protéger les informations personnelles des utilisateurs et des réseaux chinois. Cependant, son application limite considérablement l’accès aux services du web. Plusieurs insuffisances sont également notées en ce qui concerne son application, ce qui impacte particulièrement les entreprises.